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Pour Genève Volley, Aïda Shouk a de la Suisse dans les idées

Aïda Shouk est prête à entrer en fonction.

Aïda Shouk est une barjaque et quand elle parle de volley-ball, l'ancienne joueuse de Cheseaux est intarissable. «C'est ma passion. Quand j'étais gamine, j'en rêvais même la nuit», se marre-t-elle au bout du fil. Elle évoque sa jeunesse à Seigneux, dans la Broye du Vully, auprès d'une tante et d'un oncle qui lui ont donné le goût pour ce sport chronophage. «Ces temps, je lui consacre huit heures par jour et je ne suis pas encore officiellement entrée en fonction. Il y a le recrutement, les plannings d'entraînement, plein de choses à organiser», ajoute la nouvelle coach de Genève Volley, responsable romande d'une société de crowdfunding destinée aux ONG. Quand on aime, on ne compte pas.

Même si les circonstances lui ont forcé la main, il était temps pour la Vaudoise d'origine jordanienne de passer à l'acte. De quitter son rôle de consultante pour prendre les rênes d'une équipe de LNA (à 30%). «La proposition est arrivée un peu à l'improviste mais je n'ai pas hésité. Vu mon parcours et mon expérience, je crois que j'ai les épaules assez larges pour relever un tel challenge», confie-t-elle. On veut bien la croire, elle qui a disputé quinze saisons dans l'élite et porté plus de dix ans le maillot de l'équipe nationale. Une carrière à tiroir, plutôt rare, qui l'a vue occuper tous les postes, du bout de filet à la passe, en… passant par celui de libero à l'époque du grand Köniz, finaliste de la Top Teams Cup en 2003. Ne lui manque que son diplôme d'entraîneur, qu'elle n'a pas pu encore valider ce printemps en raison du Covid-19!

Avant que le virus ne stoppe brutalement le championnat, Aïda Shouk avait eu le temps de faire ses preuves en succédant à Ludovic Gruel et en contribuant au maintien de l'équipe grâce à des play-out sans bavure face à Toggenburg. «Il faut le reconnaître, avec le Ludo, on s'en serait aussi tirés. Mais Aïda y a ajouté la manière et un état d'esprit nouveau. C'est la bonne personne pour participer à la relance du club», commente Patrick Tran, le futur président de Genève Volley. «Mon vœu le plus cher est de remonter la baraque, de donner au club genevois une vraie identité», assure l'ancienne internationale.

Vous en avez fait du chemin depuis vos premiers smashes au VBC Granges-Marnand…

C'est une belle vie de volleyeuse, qui m'a même permis d'en vivre durant deux saisons pro à Schaffhouse. Je tournais chichement mais c'était passionnant. À l'époque, la fédération avait réactivé l'équipe nationale pour préparer l'Euro 2013 en Suisse. Le projet a motivé mon retour. Dommage qu'une blessure à un genou m'a empêché de disputer le championnat. J'ai terminé ma carrière dans les gradins, comme consultante pour la RTS. Psychologiquement, c'est dur d'arrêter quand on n'a pas envie. J'ai mis plus d'une année à m'en remettre, à tourner la page.

Vous êtes retournée à Cheseaux, vous avez entraîné des juniors, vous avez été assistante coach en LNA. L'objectif, c'était de voir plus haut?

Oui, mais sans précipiter les choses. Je voulais surtout adhérer à un projet stimulant. Les juniors, ça manque de gnaque. Autoriser des joueuses de LNA à manger une fondue la veille d'un match, ce n'est pas mon truc. Quand Genève Volley m'a sollicitée pour venir donner un coup de main, j'ai dit pourquoi pas, sans idée préconçue.

Un an plus tard, c'est vous la cheffe!

Oui, mais je n'ai pas forcé le passage. Cette saison, l'équipe avait le potentiel pour faire beaucoup mieux mais elle s'est écroulée. Il y a eu trop de blessures, la faute à la malchance et à une préparation physique déficiente. S'entraîner quatre fois par semaine, cela ne suffit pas. Et puis, entre l'entraîneur et les joueuses, le lien de confiance s'est rompu. Quand on m'a demandé de reprendre l'équipe, ça m'a fait mal au cœur pour Ludovic, il allait mal le prendre, imaginer des choses. Seulement, il ne tenait plus la barque, les filles venaient vers moi pour trouver du réconfort.

Quelle est votre ambition?

J'ai de l'affection pour l'équipe. Je ne voulais pas qu'elle dépérisse, aujourd'hui je veux qu'elle se reconstruise, qu'elle recrée un véritable engouement autour d'elle. On va le faire ensemble, ça me botte. L'idée est de mieux professionnaliser le travail du groupe, surtout sur le plan physique. Les filles ne demandent qu'à bosser plus.

C'est vous qui êtes en charge du recrutement. N'est-ce pas difficile par temps de crise, avec un budget qui reste modeste?

Je ne me plains pas, on fera avec. Ma priorité, c'était d'abord de ramener les Suissesses sur le terrain, de leur donner plus de responsabilités. Mes contacts m'ont déjà aidé à engager Tryphosa Oseghale, la centrale de Cheseaux, l'une des meilleures de la ligue, et Léonore Guyot, la passeuse No 2 de Neuchâtel. Et ce n'est pas fini. Je suis aussi heureuse de pouvoir compter sur la fidélité de Laetitia Perroud et d'Ewine Guscetti, deux piliers formés au club. Ce sont des exemples pour les jeunes que nous espérons incorporer à l'effectif, comme Mallaury Schouwey, une prometteuse passeuse venue de SSO.

Et les joueuses étrangères, il faudra en trouver d'autres?

On espérait conserver Lauren Page, mais ce ne sera pas possible. En fait, on a le temps et on aura l'embarras du choix pour enrôler deux ailières et une oppo. Il faudra juste faire le bon choix!

N'est-ce pas difficile pour une femme coach d'entraîner des femmes?

Non, c'est même plus simple, il n'y a pas de relation ambiguë. Il suffit de casser les clichés. Une volleyeuse n'est pas une mauviette qui pleurniche, il faut juste lui donner confiance quand elle doute d'elle-même. Un mec, c'est plus compliqué, il joue sur sa planète, il se croit le meilleur du monde…